Sujet: La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10] Dim 3 Oct - 12:40
d'après l'œuvre de Madame de La Fayette Réalisé par Bertrand Tavernier Avec : Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Gaspard Ulliel Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personnaz ~ Date de sortie : 03 Novembre 2010 Genre : Historique, Drame, Romance Durée : 2H19
SYNOPSIS
En 1567, dans la France de Charles IX en proie aux guerres de Religion ; Marie de Mézières (Mélanie Thierry) est promise à son cousin Mayenne de Guise. Mais en secret, la jeune fille se consume d'amour pour le frère aîné de ce dernier, Henri (Gaspard Ulliel) dont elle est aimée en retour.
Les manigances effroyables de son père, poussent Marie à devoir renoncer à Henri et à épouser un autre de leurs cousins : Philippe de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet). Très vite, la guerre les sépare de nouveau et la jeune mariée est confiée par son époux à François de Chabannes (Lambert Wilson), érudit protestant et ancien précepteur de Philippe.
Une nouvelle trêve ramène Philippe auprès de son épouse, mais les affres du destin conduisent jusque chez eux Henri d'Anjou (Raphaël Personnaz), futur Henri III, ainsi que ses compagnons de route, parmi lesquels Henri de Guise.
Alors qu'Henri d'Anjou succombe à son tour aux charmes de Marie, celle-ci ne peut empêcher sa flamme pour Henri de Guise, de renaître. Impuissant face aux pulsions que sa femme réveille chez les hommes, Philippe se consume de jalousie comme Henri d'Anjou, Henri de Guise et lui-même tentent d'obtenir l'amour et les faveurs de Marie. Ils ignorent que dans l'ombre, Chabannes a lui aussi développé une tendre inclinaison pour sa jeune élève et que jusqu'au bout, il tentera de lui permettre d'exprimer cette passion qui la dévore.
Quatre hommes pour une même femme. Une femme partagée entre ses devoirs et sa passion.
TRAILER
AVANT PREMIERE DU 1ER OCTOBRE 2010 En présence de Bertrand Tavernier
Solène & Mara*
Avant la séance
Par chez-nous, notre cinéma d'art & d'essai a beau être un "petit cinéma", son succès auprès du public rend parfois l'accès aux films des plus... cocasses ! Aussi, après avoir convaincu Solène de m'accompagner, élaboration d'un plan de bataille stratégique pour avoir nos places !
Sous un temps de chien, Solène va faire la queue devant le cinéma dès 18H30, la séance étant programmée à 19H30. Les cours finis, en dix minutes top chrono je la rejoins. Elle a déjà nos places. OUF !
Petite ombre au tableau, Lambert Wilson, initialement prévu, ne sera finalement pas-là. Qu'à cela ne tienne, depuis le temps que j'attends ce film, le voir déjà un mois avant sa sortie, en présence d'un metteur en scène tel que Bertrand Tavernier : c'est déjà énorme !
S'ensuit l'interminable jeu de coudes dans la file d'attente. 19H15 : les portes de la salle s'ouvrent ! Et une marée humaine (et dangereuse !) se précipite à l'intérieur de la salle. Après avoir littéralement été obligées de... massacrer le panneau cartonné promotionnel de The Town (c'était ça ou les piliers en béton ceci dit), sous la pression de spectateurs excités, nous sommes dans la place !
La tension monte. Le roman de Madame de La Fayette fait partie de mes romans préférés et l'histoire d'amour de Marie & Henri fait certainement partie des plus belles histoires d'amour de la littérature. Quand j'ai su que le film serait adapté par Bertrand Tavernier, avec un tel casting (je suis une grande admiratrice de Lambert Wilson et Gaspard Ulliel), j'ai trépigné et trépigné à attendre la sortie du film. Jour J. Heure H.
Bertrand Tavernier, fidèle à lui-même, très simple, souriant, nous rejoint après une interview sur une chaîne locale. En quelques mots il nous présente son film, ses craintes, ses attentes. Pas évident d'être ainsi "de vive voix", confronté aux réactions du public. Pendant que Solène (ma fontaine vivante =)), s'inquiète de ne pas avoir emporté de mouchoirs au cas où le film en nécessiterait [nldr : avec Solène, même Starsky & Hutch ou Scooby-Doo nécessitent des mouchoirs !] ; je croise les doigts. Étudiant désormais cette période si riche et si complexe que fut la Renaissance, je prie pour ne pas être confrontée à une énième version... mystifiée et peu historique en vérité, sur la période. Mais là-dessus, j'ai toute confiance en un réalisateur comme Bertrand Tavernier.
Bertrand Tavernier présentant son film avant la séance
Le rideau se lève. Les lumières s'éteignent. Une musique de Roland de Lassus (compositeur de la Renaissance) s'élève comme nous découvrons l'effroi d'un champ de bataille. Je crois que ça commence bien !
Après la séance
Les lumières se rallument, accompagnées d'une ovation unanime au sein de la salle. Ému et rassuré, Bertrand Tavernier revient parmi nous. Petite minute comique où il décide d'appeler son producteur et de lui faire entendre ces applaudissements "pour le rassurer".
S'ensuit un échange autour du film. Je prends mon courage à deux mains... et je décide de prendre la parole. On me passe un micro, qui bien évidemment... ne fonctionne pas ! Après l'arrivée d'un autre micro, cette fois-ci opérationnel, je peux enfin faire partager mon ravissement face à l'historicité du film. D'un bout à l'autre - j'y reviendrai dans ma critique du film -, j'ai été subjuguée et littéralement émue par l'attachement apporté à chaque détail, à chaque aspect du film. Évidemment, il faut sûrement être un minimum informé sur la période, pour être aussi... émerveillé par des choses très simples. C'est bien l'un des rares films où l'on n'hésite pas à nous présenter la nuit de noces - qui était publique -, où les scènes de nuit ne sont éclairées réellement qu'à la bougie, où pour des soucis de crédibilité, chaque acteur réalise ses propres cascades d'un bout à l'autre etc etc.
Le véritable moment d'émotion que j'ai tenu à partager avec Bertrand Tavernier, c'est son portrait d'une force incroyable et d'une vérité criante d'Henri d'Anjou. Personnage malmené par l'Histoire et les Arts depuis des siècles, il n'est toujours présenté que comme un homosexuel insignifiant, roi médiocre entre tous. Bertrand Tavernier est bien le premier à lui rendre justice.
J'ai été très heureuse d'apprendre que ma remarque le touchait dans la mesure où il voulait absolument démystifier Henri d'Anjou et qu'il craignait justement, la réaction du public vis-à-vis de cette vision épurée et corrigée qu'il proposait.
Quelques questions ont suivi sur son œuvre de manière plus générale, ses projets - pas de film historique au programme ! -, les Césars à venir. Il nous a confié espérer que Mélanie Thierry remporte quelque chose pour la richesse de sa prestation.
En toute simplicité, il nous a évoqué son peu d'intérêt pour le battage médiatique et les cérémonies en tous genres. Néanmoins, je lui souhaite une belle carrières aux Césars ! De même qu'à Des Hommes Et Des Dieux, par ailleurs.
Bertrand Tavernier
Tout cela s'est ensuite achevé par une dédicace de son livre consacré au film à l'extérieur de la salle. Avenant et cordial, nous avons pu continuer à échanger quelques propos avec lui.
Pour finir, Solène et moi avons fait les idiotes devant l'affiche - photos à l'appui pour ce compte-rendu ! -. Il était tout de même près de 23H30, le cinéma était désert. Et nous sommes parties, des étoiles plein les yeux retrouver notre petite vie =).
Solène "de Montpensier"
Mara* "de Montpensier"
CRITIQUE
J'ai vraiment passé un "grand moment de cinéma" avec ce film en la présence de Bertrand Tavernier, d'une simplicité et d'une passion pour son art, sans égales ! C'est toujours impressionnant de voir qu'à partir d'un roman si peu connu, si peu développé, on peut construire un film d'une telle force.
Le point de départ de tout cela tient évidemment à la force des personnages représentés et Bertrand Tavernier a su les réécrire en les délivrant des mythes et autres superstitions dont l'historiographie a trop eu souvent tendance à les entacher. Son casting se révèle donc au final aussi impeccable à l'écran que "sur papier". Là-dessus je désapprouve totalement certaines critiques assez promptes à fustiger les prestations de Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel, voire Lambert Wilson ! Le jeu très atypique de Grégoire Leprince-Ringuet, quoique déstabilisant au début se révèle être la force de caractère de son personnage et ce qui le définit. Gaspard Ulliel signe ici probablement son meilleur rôle, tout en demi-teintes et quant à Lambert Wilson, je cherche encore quelque chose de négatif !
Au-dessus de ces hommes qui vont se déchirer au nom de son amour, se dresse Marie de Montpensier, incroyable Mélanie Thierry qui porte le film à bout de bras. Figure angélique de madone, innocence frêle de la jeune fille tiraillée entre sa passion et son devoir. Elle illumine tout le film et donne à chacun de ses partenaires masculins une dimension profonde et unique. Ce qui empêche d'ailleurs de se dire à un moment donné "untel joue mieux". Ils sont tous uniques dans leur genre et uniques dans la façon de représenter à l'écran, l'amour qu'ils portent tous à la même femme. Tant et si bien que l'on ressort du film en se disant, qu'au fond, à leur façon, ils étaient tous faits pour elle.
Les paysages - chers à mon cœur car le film a été tourné essentiellement dans ma région =) -, sont de toute beauté. Aucun pylône électrique qui se balade comme le soulignait en riant Bertrand Tavernier. Difficile de tourner en France où tout est plus ou moins modernisé. Néanmoins, il a réussi le pari insensé de nous présenter un film 100% français : du casting aux paysages, des costumes aux plus petits détails. Un livre français dans la plus pure tradition du genre, adapté à la sauce française : un grand film, assurément.
J'ai été émerveillée par la reconstitution historique opérée ici. Et c'était incroyable d'entendre Bertrand Tavernier parler avec autant de passion des recherches historiques effectuées pour le film. Chaque scène se révèle donc être un tableau, d'un esthétisme bouleversant.
J'ai vraiment eu grand plaisir à entendre Bertrand Tavernier nous parler de ses recherches sur Henri d'Anjou, personnage détruit par l'Histoire et que l'historiographie contemporaine commence seulement à réévaluer. Que ce soit dans La Reine de Margot de Patrice Chéreau ou plus récemment dans Elizabeth, Henri d'Anjou a toujours été dépeint comme un type franchement médiocre et peu inspirant. Chez Bertrand Tavernier, il est une lueur de malice et de complicité qui illumine le film ; séduit par Marie mais conscient qu'à ses yeux, il ne sera jamais Henri de Guise. Raphaël Personnaz lui offre donc un nouveau visage, celui d'un homme charmant, cultivé, enclin aux folies passagères. Son amour pour Marie durera "ce que durent les roses" mais ne sera jamais totalement oublié. Magistrale scène où il déclare à Henri de Guise qu'il payera de sa vie, la perdition de Marie, prête à se donner à lui. Même si Henri de Guise fut assassiné pour des raisons bien plus complexes et bien plus politiques ; l'idée dans le film, que sous cet assassinat "d'État" se combine aussi une raison du cœur est des plus belles. Petit côté fleur bleue qui se fond parfaitement dans les ambitions du film, vu que même lorsqu'il sous-tend de tels petits écarts, ça se regroupe toujours dans une parfaite réalité historique. Après tout, Henri d'Anjou devenu roi, fit bien assassiné Henri de Guise. Ses raisons peuvent bien en cacher d'autres.
Tous les personnages, de manière générale, sont historiquement d'une crédibilité incroyable. Henri de Guise, Le Balafré, héros chrétien s'il en est, supposé commanditaire de l'assassinat de Coligny ; présenté comme une bête violente, assoiffée de sang et de pouvoir, trouve ici une dimension plus douce, plus humaine. Il restera majoritairement un personnage insaisissable, dévoré d'ambition, mais son amour pour Marie de Montpensier lui apporte une tendresse innocente des plus touchantes. Quand il aime Marie, il l'aime vraiment, avec une sincérité d'une beauté incroyable. Derrière ses allures de brute, il n'en demeure pas moins gentleman et attentionné, refusant d'avouer à Henri d'Anjou, la nature des sentiments qu'il éprouve pour Marie, à seule fin de préserver son honneur. Et au final, difficile de savoir dans cette adaptation, quoi penser de la fin présentée par Bertrand Tavernier. L'abandonne-t-il vraiment car elle n'a été qu'un jouet (et il le dit lui-même) ? Ou bien derrière cette ultime fanfaronnade ne se cachent pas, tout simplement, comme il l'explique aussi, des raisons purement matérielles ? Marie ayant fui son époux, elle n'a plus rien à lui apporter ; lui-même n'ayant pu épouser Marguerite est ruiné et comme toute belle histoire celle-ci se trouve entachée par les plus basses considérations matérielles. Pour le salut de mon âme fleur bleue, je resterai sur l'idée utopique que dans le fond, à sa façon elle représentera toujours pour lui quelque chose de particulier. Petite entorse au roman que Bertrand Tavernier permet à ses spectateurs (Madame de La Fayette est quant à elle, beaucoup plus dure envers la versatilité des sentiments d'Henri de Guise qui passe de conquête en conquête).
A la fois dépeint comme un monstre - ses scènes de combat, impressionnantes, le montrent ensanglanté, sorte de héros guerrier terrifiant - et comme un amoureux brûlant de passion, il est sûrement le personnage le plus complexe et le plus insaisissable du film. Gaspard Ulliel en fait l'homme désirable entre tous, le mâle alpha inquiétant et passionné qui ne peut que séduire. Mais le genre d'homme dont on sait à l'avance, que l'on se perdra pour lui.
Mais l'intelligence de ce film est de démontrer que si tous ces hommes sont en quelque sorte faits pour Marie, ils l'aiment chacun d'une manière très différente. Chabannes, l'érudit protestant est touché par sa sensibilité, sa curiosité, son envie d'apprendre, de partager. Il est son confident, son ami : celui qui sait d'avance qu'elle ne pourra faire face à ce qui l'attend. Il s'inclinera face à Henri de Guise dans une scène à la fois magnifique et destructrice car on sait, tout comme lui, qu'en offrant cet ultime bonheur à Marie, il la conduit lentement et sûrement à sa perte. Lambert Wilson est encore une fois, magistral. Un rôle sur mesure pour un grand bonhomme du cinéma qui est décidément tout à son aise dans ce genre de rôle. La lettre qu'il laissera à Marie, lui révélant sa propre destinée, achèvera le film sur une note d'une beauté touchante. Ladite lettre reprenant d'ailleurs des mots de la fin de Madame de La Fayette, le tout déclamé par Lambert Wilson, on ne va pas cracher dessus !
Philippe de Montpensier est un personnage assez curieux au final, d'une maladresse des plus touchantes. On ne peut que se sentir... désolé - le mot est faible - pour ce tout jeune homme qui n'est pas en manque de qualités : doux, tendre, prévenant, passionnément amoureux de sa femme. Le film le dépeint presque comme un prince charmant (hormis ses terribles crises de jalousie). Quoi qu'il fasse, il ne pourra jamais espérer atteindre dans le cœur et l'estime de Marie, la place qu'occupe Henri de Guise. Cette seule idée le rend fou et cette folie qui marque l'ensemble du film est des plus troublantes et des plus violentes. Grégoire Leprince-Ringuet l'incarne avec une naïveté et une maladresse très particulières. On souffre avec lui, on le sent tellement dévoré par la rage, ne sachant que dire ou que faire pour gagner le cœur d'une femme que tous les hommes veulent lui prendre. Et quand il la laissera partir, trop tard, il saura d'avance qu'elle l'a brisé lui aussi.
Évidemment, une telle histoire me touche au plus haut point, car c'est effectivement l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites. Une histoire d'amour à tous les niveaux : l'histoire de cette passion interdite rongeant les cœurs de Marie et Henri de Guise ; l'histoire de ces hommes qui vont tous se perdre pour cette femme et surtout l'histoire d'une femme qui renoncera à tout pour l'amour d'un homme dont on devine, qu'aucune femme ne le possédera jamais vraiment.
Un bijou du cinéma français d'une grande force, d'une grande sensibilité ou Histoire & histoires se retrouvent enfin et où, main dans la main elles offrent au spectateur une histoire immémoriale.
Dernière édition par Mara* le Lun 18 Oct - 9:39, édité 6 fois
✿ Invité
Invité
J'AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE ✿
Sujet: Re: La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10] Dim 3 Oct - 13:19
Sujet: Re: La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10] Dim 3 Oct - 13:52
Y a intérêt va . Bon c'est très lent comme film, il faut aimer le style. Mais si ça peut "te convaincre", y a de quoi baver pendant 2H19. Te connaissant, ce n'est pas un argument négligeable
✿ Invité
Invité
J'AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE ✿
Sujet: Re: La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10] Dim 3 Oct - 13:56
Mara* a écrit:
Y a intérêt va . Bon c'est très lent comme film, il faut aimer le style. Mais si ça peut "te convaincre", y a de quoi baver pendant 2H19. Te connaissant, ce n'est pas un argument négligeable
Mais pour qui tu me fais passer. Heureusement que la plupart me connaissent et qu'il savent que je ne suis pas du tout comme...
Hum... Désolée, y a un gars mignon qui vient de passer devant ma fenêtre ! qu'est-ce que je disais ?
✿ Contenu sponsorisé
J'AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE ✿
Sujet: Re: La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10]
La Princesse de Montpensier // Avant Première [01.10.10]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum